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Ontario Assembly

43rd Parl. 1st Sess.
March 25, 2024 10:15AM
  • Mar/25/24 4:30:00 p.m.

Je veux remercier le député de Peterborough–Kawartha. Je n’étais pas sur la liste pour parler, mais je pensais que c’était important. Puis, vu que j’écoutais les allocutions attentivement, ça vient m’interpeller. Comme vous le savez, moi, à Mushkegowuk–Baie James, je représente sept communautés autochtones. Dans chaque communauté, il y a des « rangers ».

Mais je voudrais vous parler un petit peu de Murray Whetung, dont on a entendu parler dans les allocutions en anglais. Pour les francophones, c’était un d’une Première Nation qui est allé à la Deuxième Guerre mondiale. Il était un « lineman ». C’est lui qui gardait les lignes de communication ouvertes. Mais si on se souvient, les Premières Nations n’étaient pas obligées d’aller en guerre. Lui, il a décidé d’y aller de son propre gré. Fait que, drette en faisant ça, c’est un héro—juste le fait qu’ils ne sont pas obligés d’y aller, et ils le font de leur propre gré pour défendre ce en quoi ils croient, et ils ont fait la différence dans la Deuxième Guerre mondiale.

Puis, encore pire : quand il est revenu, M. Murray Whetung ne pouvait même pas aller dans les Légions comme les autres vétérans, à cause qu’il était d’une Première Nation. Même pas les médailles—parce qu’il a été décoré de plusieurs médailles, et il ne pouvait même pas porter ses médailles. Ça, tu sais, c’est comme insulte par-dessus insulte. Quand tu penses qu’il est allé défendre notre pays, ce que tout le monde aujourd’hui reconnaît—et on sait que c’est une injustice, là. Si on parle de « truth and reconciliation » et qu’aujourd’hui on est dans ce mouvement-là, et on sait que ça s’est fait dans le passé, ça ne peut pas faire autrement que de venir te chercher. Ça ne peut pas faire autrement. De dire que les Premières Nations sont allées défendre notre pays et on leur a fait vivre des conditions de même, moi, ça vient me chercher.

J’ai parlé à mon collègue qui a amené le projet de loi. Je lui ai demandé pourquoi, dans ce projet de loi, on ne reconnaît pas les « junior rangers » à la grandeur. Il y a une raison de question fédérale là-dedans. Il y a une question. C’est pour ça que je me suis levé pour en parler : parce que je veux reconnaître certaines choses qui se passent. Ces « junior rangers », il ne faut pas l’oublier, ce sont des jeunes qui, comme les cadets—ils font la même affaire que les cadets. Ce n’est pas juste pour les Premières Nations, mais c’est des communautés de Premières Nations. On a beaucoup de monde qui fait du bon travail là-dedans, puis qui passe des connaissances, des traditions, qui passe tellement de « knowledge », de connaissances, à la jeunesse.

Souvent, on a entendu des histoires d’horreurs, comme mon collègue de Kiiwetinoong en a parlé. Je sais, dans mon comté, on en vit souvent : des pactes de suicide, des enfants de 10 ans. Puis quand on regarde un organisme comme les « junior rangers » et toutes les personnes qui travaillent dans l’organisme pour donner à ces jeunes-là des valeurs, des connaissances—puis ce n’est pas un pays qui est facile. Plus tu vas au Nord, plus c’est froid et plus les conditions sont difficiles, arides. Mais ça leur donne des conditions de survie, comme on fait avec les cadets dans nos régions. Les « rangers » font la même affaire.

Moi, il y en a un qui m’impressionne tout le temps. Il s’appelle Stan Sutherland. Le monsieur est d’un âge avancé, et c’est son fils—je pense que c’est Donald—qui prend la relève. Mais c’était tellement impressionnant de voir ce monsieur-là le jour du Souvenir—on parle du 8 novembre. Il y avait tous ces « rangers » qui viennent. Le 8 novembre, c’est pour reconnaître les soldats des Premières Nations qui sont décédés dans les guerres mondiales. Il y en a beaucoup. Puis on voit que ces jeunes-là apprennent certaines choses, qu’ils leur passent les valeurs, s’entraident, puis aussi qu’on leur donne, comme je disais, toutes ces connaissances-là. Mais ce monsieur-là m’impressionnait tellement avec tout ce qu’il apportait à ces jeunes-là et avec comment il était respecté à travers la communauté. Je veux lui dire salut, à Stan, parce que c’est un monsieur qui m’a marqué beaucoup dans mon travail que je fais aujourd’hui.

J’ai une autre personne que je voudrais reconnaître. C’est Joe Lazarus, de Kashechewan. C’est un autre mentor pour ces jeunes-là. Il ne faut pas oublier—c’est pour ça que je me suis levé pour parler, parce que c’est un bon projet de loi, mais je me sentais interpellé de reconnaître ce monde-là, parce qu’on ne peut pas, pour une raison quelconque, ramener ça—puis on parle de M. Whetung, Murray Whetung, qui est d’une Première Nation. On parle des injustices qu’il a vécues par rapport avec comment on traitait les Premières Nations dans le temps, à cause qu’on avait des préjugés. On a un projet de loi où on aurait pu faire mieux, mais certaines choses nous empêchent de le faire. Il reste un goût amer—pas parce qu’il n’a pas fait le travail. Il y a des raisons, mais on aurait dû essayer de trouver une solution. Ce n’est rien que ça, mon point.

Je veux aussi parler de Byron Corston qui est de Moose Factory, un autre mentor pour ces jeunes, et de Jessie Sutherland de Fort Albany. Mais tous ces jeunes-là, aussi, il ne faut pas oublier que c’est tout relié—s’il y a de quoi que les Premières Nations ont, c’est que leur culture est tellement belle. Je le dis souvent, moi : on a tellement à apprendre de cette culture-là. On devrait travailler plus étroitement avec les Premières Nations, les « seven teachings », et ce qu’ils nous apportent, ce qu’ils nous amèneraient—on a tellement à apprendre. Je peux vous dire que la population se porterait beaucoup mieux si on vivait selon les « teachings » des Premières Nations, parce qu’ils ont tellement à nous apprendre.

C’est pour ça que je vous invite souvent à venir faire un tour. Vous allez voir comment ils traitent leurs « elders », les personnes âgées. Eux autres, ils vivent avec eux; c’est leur plus grande richesse, les « elders ». Souvent, nous, on oublie ça, comment c’est important que les « elders », nos ancêtres, nos vieillards—des fois, on les met dans une institution. Des fois, il y a beaucoup de personnes qui les oublient; ils finissent leurs jours seuls. Tu ne vois pas ça avec les Premières Nations. Toute la communauté s’occupe des « elders ». Toutes les communautés vont leur donner—ils vont faire certain qu’ils ne manquent pas de bouffe, qu’ils ne manquent de rien. Ils ont tellement à offrir, puis tellement à nous apprendre.

Mais ça, ces jeunes-là, ces « juniors rangers » se font passer toutes ces connaissances-là, toutes les valeurs, des valeurs qu’on devrait apprendre d’eux autres aussi, des valeurs à ces jeunes, qui amènent un souffle d’espoir, un souffle d’espoir que ces jeunes-là—ont a parlé des groupes de jeunes de 10 ans qui font des pactes de suicide. Tu te dis, bien, on vit dans la même province, puis qu’ils ne sont pas capables de voir—ils voient tellement noir qu’ils font un pacte de suicide, quand on a des organismes comme les « junior rangers » qui pourraient les aider et qui aident beaucoup de jeunes. Ils les amènent sur le territoire. Ils les amènent—comment survivre. Ils ont sauvé beaucoup de monde, aussi : les personnes qui sont perdues en forêt. S’il y a quelqu’un qui connaît la forêt, c’est les « junior rangers ». Ils en ont sauvé beaucoup. On parle de gars comme Stan et Donald, que j’ai mentionné, tous ces mentors-là qui ont fait tellement, qui passent ces valeurs.

Je trouve que c’est une opportunité qu’on a manquée de reconnaître aussi les « junior rangers ». Je me sentais interpellé d’en parler. Pourquoi? Parce que toutes les injustices que Murray a vécues, souvent, d’autres Premières Nations continuent de les vivre aujourd’hui.

Je sais que peut-être ce n’était pas l’intention. Ce n’était pas l’intention non plus—je ne questionne pas le député. Ce serait injuste de moi de le dire. Mais je trouve qu’on a manqué une opportunité qui aurait fait beaucoup pour les groupes comme ça, les « junior rangers », puis aussi tous ces mentors-là qui travaillent fort pour garder ces jeunes intéressés, de les sortir de ces misères, sortir de ces idées noires puis de les amener à avoir—bâtir des humains forts, des humains qui sont là pour aider leurs communautés après.

Parce que comme les cadets, ils font toutes sortes de belles activités dans les communautés. Quand la personne âgée a besoin du bois du chauffage, c’est qui qui va? Souvent, ce sont des « junior rangers ». C’est distribuer la bouffe, donner à manger, distribuer ce dont ils ont besoin, garder la communauté quand il y a des situations qui se croisent. Ce monde-là va aider dans des situations de crise. On le sait—les feux qui se passent.

Fait que, comme j’ai dit, je trouve que c’est une opportunité manquée, mais c’est sûr que c’est un bon projet de loi. Je veux reconnaître le travail qui a été fait, mais je trouvais que c’était important qu’on mentionne ce monde-là.

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